Quand la biomasse devient ressource

En Suisse, plus de 2,5 millions de tonnes de biomasse sont émises tout au long de la chaîne de valeur agroalimentaire. Même si la moitié est évitable (déchets alimentaires) et se doit d’être évitée, l’autre moitié (épluchures, rebuts de récolte, etc.) est une prodigieuse source de valeur ajoutée circulaire.

Publié le 29.10.2021
Tri de pommes chez Biofruits
© Biofruits

Comment valoriser les « déchets » organiques de l’industrie agroalimentaire ?

Voici un exemple parmi de nombreux autres, puisé dans le secteur du brassage de la bière. De ce procédé résulte un volume considérable de coproduits organiques coûteux à évacuer : la drêche de malt. La start-up valaisanne ProSeed a trouvé le moyen de collecter cette dernière, pour en extraire des protéines durables et locales. Alors que ces protéines extraites sont utiles à d’autres acteurs de l’industrie alimentaire, les restes de drêches peuvent quant à eux être valorisés pour produire du biogaz (électricité et/ou chauffage) ainsi que du compost.

Anne Verniquet, consultante chez Sofies, abonde : « La biomasse produite par l’industrie agroalimentaire est ainsi valorisée en "cascade" sous trois formes : premièrement en matière, deuxièmement en énergie, et enfin en fertilisant pour les sols. La valeur ajoutée générée est ainsi optimisée, et des modèles d’affaires nouveaux sont créés à l’interface d’acteurs traditionnels. »

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Écoconcevoir les emballages

Un autre axe d’intervention dans la filière de l’agroalimentaire se situe dans le domaine de l’emballage, où le potentiel d’amélioration en matière d’écoconception est encore grand pour réduire le suremballage, davantage réutiliser et recycler. Ces emballages doivent toutefois être développés en parallèle aux infrastructures de recyclage, sans lesquelles ils seraient recyclables mais non recyclés.

On peut citer quelques exemples d’initiatives bousculent les lignes comme Le Bocal Local à Genève ou La Brouette à Lausanne, qui favorisent le recours à des contenants réutilisables, ou le projet Loop qui remet au goût du jour le système de consigne. À noter également le modèle d’affaires de PROP, entité du Groupe Serbeco spécialisée dans la distribution et le lavage de contenants pour les évènements.

Mieux collecter les déchets organiques en ville

Près de la moitié des déchets ménagers produits sur le territoire suisse sont actuellement incinérés ; une précieuse matière organique s’envole donc en fumée. Les déchets de cuisine et les lavures de restaurant, lorsqu’ils sont valorisés, permettent à minima de produire du biogaz et du compost. Cette biomasse est cependant difficile à collecter, car elle est produite de manière très diffuse. L’initiative du Canton de Genève La P’tite Poubelle Verte vise à renverser cette tendance en incitant la population à trier de manière optimale ses déchets verts.

Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas

En Suisse, un tiers de la nourriture achetée est gaspillée, d’où l’importance d’agir en priorité en amont de la chaîne : éviter et limiter la production de déchets organiques ou la perte de denrées alimentaires avant de penser à leur revalorisation.

Pour aller plus loin