La construction : une filière clé de l'économie suisse
Le secteur de la construction en Suisse représente 10% du PIB national. Mais cette filière est fortement consommatrice de ressources et constitue l’une des filières qui a le plus d’impact négatif sur l’environnement : chaque jour, l'équivalent de 6’000 places de parking est bétonné et la part de déchets générés par la construction atteint 80% du total de déchets produits en Suisse en une année.
La phase de vie, c’est-à-dire l’utilisation du bâti, représente deux tiers de l'impact du secteur en Suisse. Mais, pour les acteurs du secteur de la construction, d’intéressants leviers d’action peuvent être activés à d’autres étapes de vie d'un projet de construction pour améliorer la performance environnementale de cette filière.
S’appuyer sur l’économie circulaire avant l’étape de construction
L’impact sur le climat de l’extraction des ressources et de la production des matériaux est particulièrement important : les émissions de CO2 liées à ces deux étapes représentent respectivement 60% et 10% des émissions. À Genève, le secteur est en outre fortement dépendant, pour l’approvisionnement en matériaux, des cantons et pays voisins qui disposent de la ressource.
Au moment de l'extraction, donc, l’un des challenges pour les PME genevoises est d’assurer un approvisionnement en ressources et matériaux dont l’extraction et la production demandent le moins d'énergie possible. Le défi est d’autant plus complexe actuellement que la rareté des ressources rend leur extraction plus consommatrice en énergie, et que les coûts augmentent fortement.
Dans un tel contexte, l’économie circulaire apporte de solutions pour faire face aux pénuries de ressources annoncées. À Copenhague, le groupe Lendager utilise des matériaux recyclés d’anciens bâtiments comme la brasserie historique Carlsberg, pour leur donner une deuxième vie.
Malgré le fort dynamisme du secteur, il est important de se poser la question du principe de la construction, avant même de chercher à réduire ou à éviter les impacts environnementaux.
La phase de conception et planification du projet de construction, autrement dit, est déterminante pour limiter les coûts des matériaux et les émissions de gaz à effet de serre qu’ils génèrent. Dans cet objectif, le choix des matériaux, en considérant tout le cycle de vie, est crucial. Concevoir des bâtiments modulables, penser à la réversibilité ou la mutualisation des espaces construits, sont d’autres potentiels à mobiliser au service d’une construction plus circulaire.
Et la fin de vie ? Réemploi et recyclage des matériaux
Actuellement en Suisse, 30% du recyclage des matériaux de déconstruction minéraux ne sont pas optimisés dans le circuit. A l’heure où les régulations s’alignent avec les avancées technologiques, des facteurs économiques subsistent, empêchant une véritable transformation du secteur. Le béton recyclé par exemple n'est pas privilégié en raison de normes strictes et d’une absence de marché. Les matériaux se retrouvent donc stockés et peinent à trouver des acheteurs.
Là aussi, à travers le concept de « mine urbaine », l’économie circulaire apparaît comme une piste intéressante pour limiter la consommation de déchets et redonner un usage, et une valeur économique, en réutilisant des matériaux arrivés en fin de cycle de vie. C’est le parti pris par Terrabloc, PME genevoise, qui réalise des briques conçues à partir de déblais terreux d’excavation de chantier. D’autres innovations basées sur les principes du réemploi de matériaux de déconstruction peuvent fortement dynamiser la filière de la construction.
L’important, en la matière, est de considérer l’ensemble du cycle de vie des matériaux – de leur extraction à la déconstruction puis au réemploi – pour maximiser les potentiels d’économie circulaire et l’intérêt économique que celle-ci apporte.
Vers des constructions neutres en carbone à Genève ?
Le 10 Décembre 2021, le Grand Conseil de Genève a voté une loi (L12869) visant à ce que "toute construction ou rénovation importante soit conçue et réalisée à base de matériaux propres à minimiser son empreinte carbone." Cette loi promeut le réemploi de matériaux de construction existants, recyclés ou à faible impacts environnementaux.
Les décrets d’application sont en cours d’élaboration et préparent son entrée en vigueur prochaine.