Comment valoriser les « déchets » organiques de l’industrie agroalimentaire ?
Voici un exemple parmi de nombreux autres, puisé dans le secteur du brassage de la bière. De ce procédé résulte un volume considérable de coproduits organiques coûteux à évacuer : la drêche de malt. La start-up valaisanne ProSeed a trouvé le moyen de collecter cette dernière, pour en extraire des protéines durables et locales. Alors que ces protéines extraites sont utiles à d’autres acteurs de l’industrie alimentaire, les restes de drêches peuvent quant à eux être valorisés pour produire du biogaz (électricité et/ou chauffage) ainsi que du compost.
Anne Verniquet, consultante chez Sofies, abonde : « La biomasse produite par l’industrie agroalimentaire est ainsi valorisée en "cascade" sous trois formes : premièrement en matière, deuxièmement en énergie, et enfin en fertilisant pour les sols. La valeur ajoutée générée est ainsi optimisée, et des modèles d’affaires nouveaux sont créés à l’interface d’acteurs traditionnels. »
Écoconcevoir les emballages
Un autre axe d’intervention dans la filière de l’agroalimentaire se situe dans le domaine de l’emballage, où le potentiel d’amélioration en matière d’écoconception est encore grand pour réduire le suremballage, davantage réutiliser et recycler. Ces emballages doivent toutefois être développés en parallèle aux infrastructures de recyclage, sans lesquelles ils seraient recyclables mais non recyclés.
On peut citer quelques exemples d’initiatives bousculent les lignes comme Le Bocal Local à Genève ou La Brouette à Lausanne, qui favorisent le recours à des contenants réutilisables, ou le projet Loop qui remet au goût du jour le système de consigne. À noter également le modèle d’affaires de PROP, entité du Groupe Serbeco spécialisée dans la distribution et le lavage de contenants pour les évènements.
Mieux collecter les déchets organiques en ville
Près de la moitié des déchets ménagers produits sur le territoire suisse sont actuellement incinérés ; une précieuse matière organique s’envole donc en fumée. Les déchets de cuisine et les lavures de restaurant, lorsqu’ils sont valorisés, permettent à minima de produire du biogaz et du compost. Cette biomasse est cependant difficile à collecter, car elle est produite de manière très diffuse. L’initiative du Canton de Genève La P’tite Poubelle Verte vise à renverser cette tendance en incitant la population à trier de manière optimale ses déchets verts.
Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas
En Suisse, un tiers de la nourriture achetée est gaspillée, d’où l’importance d’agir en priorité en amont de la chaîne : éviter et limiter la production de déchets organiques ou la perte de denrées alimentaires avant de penser à leur revalorisation.
Pour aller plus loin
- Le dossier thématique « L’économie circulaire, une opportunité économique et environnementale pour la Suisse », édité par CleantechAlps et corédigé par Sofies, rassemble de nombreuses informations et stratégies pour rendre la filière de l’agroalimentaire plus circulaire (voir pp. 24-31).
- La plateforme Star'Terre partage de multiples exemples de valorisation des coproduits organiques dans sa section « Base de connaissance ».
- Pour davantage d’informations sur les déchets alimentaires, nous vous recommandons de consulter la page dédiée de l’Office fédéral de l’environnement.